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Barcamp "bring your own device"

mardi 30 avril 2013

 

Barcamp "bring your own device"

Le 10 avril 2013, le Département du Rhône organisait un colloque sur le thème de l’éducation et du numérique. L’un des trois barcamps s’est concentré sur la démarche du BOYD.

AVEC (apportez votre appareil électronique connecté) est l’acronyme français de BOYD. Cette pratique vient du monde de l’entreprise et consiste principalement à simplifier la gestion des ordinateurs et téléphones professionnels en autorisant l’utilisation des appareils personnels des salariés.
Transposé dans le domaine de l’éducation, cela consiste à autoriser (ou exiger) les élèves à apporter leur appareil personnel en classe plutôt que de leur prêter les appareils de l’établissement.

Dans ce barcamp, nous sommes partis du témoignage d’Alain Verrez, enseignant au collège Victor Grignard, qui nous a présenté une expérimentation qui est un premier pas vers le BOYD : permettre aux élèves de remporter chez eux un netbook du collège, et leur donner des travaux à réaliser à domicile. Ce premier retour donnait quelques indications sur les taux de connectivité à domicile, l’intérêt de la possibilité de donner des travaux numérique à faire à la maison et des questions que ce type de démarche posent déjà.

Puis nous avons fait un voyage dans le temps et nous nous sommes mis dans la situation d’un collège en 2018 où tous les élèves viendraient en classe avec leur propre appareil.

Des mots clefs ont permis de constituer deux groupes lors de la première séance, travaillant sur deux sujets complémentaires. (Nous n’avons volontairement pas étudié tous les sujets pour en approfondir quelques uns. Aucun groupe n’a travaillé sur "les méfaits du BOYD" et les participants n’ont pas souhaité disserter 2 h sur les controverses en matières d’ondes électromagnétiques).

Mindmap des propositions {PNG}

Leviers de changement

L’un des groupes a étudié les leviers de changement qu’il avait fallut actionner pour arriver à rendre possible cette organisation.

Décision politique : pour pouvoir initier une telle démarche, il faut au départ une décision politique et une conviction partagée.

Formation : Ensuite, il faut accompagner l’ensemble des acteurs (enseignants, familles, administrations d’établissement) dans le changement que cela opère. Changement pédagogique, mais aussi au préalable toutes les contraintes logistiques.
Plutôt que des formations formelles, les participants proposent de développer des systèmes d’entraide qui favoriseraient la diffusion des bonnes pratiques entre les acteurs.

Sécurité versus liberté : Il faut d’un côté pouvoir contrôler les accès des élèves pour ne pas être débordé et de l’autre ne pas être dans un système de défiance totalement fermé. Il faut donc disposer d’un système permettant d’avoir des droits différentiés et assez souples.

Offre de service et d’innovation : un débat a eu lieu dans le groupe sur la question des logiciels libres que certains souhaiteraient imposer.

Gérer les écarts de moyens : L’acquisition du matériel pour les familles posera au début une problématique d’écart de moyen et devra sans doute être compensé par une aide au pro-rata du coefficient familial jusqu’à ce que les matériels et connexions nécessaires soient très bon marchés.

L’attrait de la nouveauté ne dure pas : il y a une fenêtre de temps assez courte pendant laquelle la technologie est reçu de manière très positive par les élèves. Mais cet attrait ne dure pas (comme on peut déjà le voir dans les classes équipées de Netbook) car les élèves comprennent vite que c’est d’abord pour travailler. Il faut donc bien profiter de ce temps de nouveauté pour créer des nouvelles dynamiques à tous les niveaux dans les établissements.

Opportunités :

Le deuxième groupe a listé les opportunités que l’on pouvait tirer de la pratique du BOYD.

Implication/adhésion : en utilisant un appareil qui lui est personnel et auquel il s’attache sur d’autres plans, l’élève sera peut être plus impliqué dans les démarches qui lui sont proposées par le collège. On doit s’en servir pour le rendre plus acteur de l’école et l’aider à s’approprier les enseignements en pouvant les appliquer avec les outils et pourquoi pas le contexte de son quotidien non scolaire.

Agilité / spontanéité : si chaque élève est équipé d’un appareil capable de se connecter rapidement et simplement sur Internet, cela peut permettre, si l’enseignant sait s’en saisir, de pouvoir adapter plus facilement l’organisation ou le déroulement d’un cours et de gagner en agilité. L’enseignant pourra improviser des activités en fonction des réactions des élèves et dispose d’outils variés et puissants qui sont dans le cartable de chaque élève. Les élèves eux même peuvent utiliser les ressources numériques de manière plus spontanée et pourront développer des compétences autour de cela.

Comme à la maison, mieux qu’à la maison : il semble contre-productif de faire étudier les élèves dans un environnement complètement contrôlé et protégé au collège s’ils se retrouve sur un réseau ouvert dès la sortie de l’établissement (de plus en plus de collégiens ont des accès 3G non filtrés) ou à domicile. Dans l’idéal, l’école devrait amener les élèves à travailler dans le même contexte qu’à l’extérieur et les aider à acquérir la maturité pour faire des technologies et du réseau des outils constructifs. il est en tout cas important de faire le lien avec leur vie hors de l’école et que l’expérience numérique au collège soit en mieux et plus motivante qu’à domicile.

Nouvelles pédagogies  :

  • travail collaboratif : le Boyd favorise le travail collaboratif car ces appareils permettent la productivité et la créativité et peuvent fonctionner en réseau. Des démarches de projets pourront être initiées pour en tirer parti.
  • classe inversées / classe cassées/ repenser le temps : la disponibilité d’un appareil par élève, y compris à domicile (ce qui est actuellement un problème, car si les équipement particulier sont répandus actuellement, ils ne sont pas forcément réservés au collégien qui doit le partager avec le reste de sa famille) facilitera les démarches de classes inversées. L’organisation même de la classe pourrait être repensée. S’il est facile de donner des consignes en temps réel de manière individualisée à tous les élèves cela ouvre des possibilités de logistique nouvelles. Le format de classes de 30 élèves sur des séquences de 50 minutes doit être repensé car il ne s’impose plus forcément : des temps plus longs en petit groupe pour travailler en projet, la partie magistrale d’un cours pouvant être "massifiée", l’accompagnement personnalisé devant se développer…
    Les technologies qui facilitent l’adaptation, la mobilité, la ré-organisation des groupes ont un rôle particulier à jouer.
  • Rôle de l’enseignant dans la société : en rendant moins étanche la séparation de l’école et du domicile (car si on apporte son appareil en classe, on apporte aussi un peu la classe à domicile) c’est peut être même le rôle de l’enseignant dans la société qui peut être valorisé et repensé.

Pistes pédagogiques :

Avec moins de participants lors de la deuxième session du barcamp, un seul groupe a été constitué et a travaillé sur les pistes pédagogiques que l’on pouvait développer.

informatique interstitielle : c’est déjà l’un des intérêts repéré des classes mobiles (de netbooks ou de tablette), et ce serait encore plus vrai si tous les élèves disposaient à chaque cours de leur propre matériel, on peut faire faire aux élèves des activités sur Internet ou sur informatique qui prennent très peu de temps. Des recherche internet instantanées, un quizz pour valider les connaissances etc… pendant quelques minutes alors qu’auparavant il fallait réserver la salle informatique et y consacrer une séance entière.

reprise en fin de cours : en fin de cours, un test rapide (équivalent des boitiers de vote mais sans infrastructure particulière) permet de vérifier ce qui est acquis ou non et donne une perception à l’enseignant du niveau et de l’hétérogénéité de la classe.

apprendre à choisir  : face aux possibles de l’internet, les adolescents sont submergés et suivent les voies les plus faciles. En les formant sur leur matériel, il est possible de les aider à acquérir les pratiques et les réflexes qui les aideront à ne pas subir ces technologies mais à les domestiquer pour leur vrai bénéfice. Y compris à savoir les éteindre pour libérer de l’attention ou d’autres dimensions cognitives.
Autrement dit : apprendre aux collégiens à se déconnecter quand c’est nécessaire, à utiliser le bon outil au bon moment etc…

transdisciplinarité : ce sont des outils utilisés par toutes les matières et qui se prêtent bien à des démarches interdisciplinaires.

mixer école et maison : pour certains élèves, le contexte du collège est tellement différent de l’extérieur qui leur est difficile de faire le lien ou de mobiliser ailleurs les compétences acquises en classe. Il serait possible d’utiliser ces appareils personnels pour recréer des liens entre les différents contextes. Refaire chez soi des mesures faites en classes, appliquer le vocabulaire étranger dans sa propre maison. Aller sur le terrain et là faire appel à des ressources éducatives, des consignes et des outils de mesures ou de capture…

Garder des traces de l’école : ces outils personnels peuvent aider l’élève à garder des traces de son activité en classe, pour se la remémorer, pour la situer au cours du temps. Sous forme de photo, prises en classe ou lors de sorties, mais aussi de diverses traces numériques à imaginer.

Utiliser les capteurs en science : déjà les enseignants de sciences remarquent que les smartphones sont dotés de plus en plus de capteurs qu’il est possible d’utiliser. Pourrait-on imaginer un labo disséminé entre les mains des élèves et fourni par les élèves eux-même ?

Conclusion :

Plutôt que de nous arrêter tout de suite sur les freins que l’on imagine bien, nous avons souhaité explorer plutôt les possibles. Les échanges étaient enthousiastes, riches mais malheureusement trop courts. C’est donc un sujet qu’il faudra approfondir en choisissant là encore des axes particuliers tant il foisonne.

Documents :

par Yves-Armel Martin